Home / Santé / Santé mentale : nouveau plan gouvernemental après Nogent

Santé mentale : nouveau plan gouvernemental après Nogent

santé mentale des ados

Le ministre de la Santé présente de nouvelles mesures pour renforcer la prise en charge psychiatrique des adolescents, dans un contexte de forte tension après l’assassinat d’une surveillante un collégien de 14 ans.

Un contexte dramatique qui révèle les failles du système

Le meurtre de Mélanie G., assistante d’éducation tuée un élève de 14 ans dans un collège de Nogent le 10 juin, a soulevé de nombreuses interrogations sur la prévention et la détection des troubles psychiques chez les jeunes. L’adolescent, décrit comme bon élève et sociable, ne présentait aucun antécédent judiciaire ni signe apparent de trouble mental selon le procureur de Chaumont.

Face à ce drame, l’exécutif a d’abord privilégié des réponses sécuritaires : expérimentation de portiques dans les établissements scolaires, intensification des fouilles et interdiction de vente de couteaux aux mineurs. Des mesures jugées inefficaces de nombreux acteurs de terrain et même le Premier ministre François Bayrou, qui reconnaît que « la réponse ne peut pas être seulement sécuritaire ».

La psychiatrie, « parent pauvre de l’hôpital »

Yannick Neudeur, ministre de la Santé, a présenté ce 12 juin un plan d’action visant à améliorer le repérage et le traitement des troubles psychiques. « La psychiatrie ne doit plus être le parent pauvre de l’hôpital », déclare-t-il, reconnaissant un manque de moyens et de formation évident sur les enjeux de santé mentale.

Les chiffres témoignent de l’ampleur de la problématique : en 2023, les urgences hospitalières ont enregistré plus d’un demi-million de passages pour motif psychiatrique, soit une hausse de 21 % rapport à l’avant-Covid. La même année, 936 000 jeunes de 12 à 25 ans ont bénéficié du remboursement d’au moins un psychotrope, soit 144 000 de plus qu’en 2019.

Un manque criant de professionnels qualifiés

Le système éducatif français ne compte actuellement que 3 800 postes de psychologue scolaire dans le premier degré et 4 300 dans le second, soit environ un psychologue pour 1 500 élèves. « Si la question, c’est : est-ce que, à l’heure actuelle, tous les enfants ont accès à une assistante sociale, une infirmière scolaire, un médecin, en cas de mal-être ? La réponse est non, loin de là », confirme une assistante sociale.

Le ministre mise sur la formation de personnels de l’Éducation nationale, du monde associatif et des entreprises pour « dépister au mieux » les jeunes en difficulté. « Je ne peux pas attendre 5 ans qu’une infirmière ou 10 ans qu’un médecin soient formés, je dois prendre des mesures fortes maintenant », justifie-t-il.

Des solutions d’accès aux soins promises

Autre axe majeur du plan : l’amélioration de l’accès aux soins psychologiques. Le ministre évoque la mise en place d’un accès « coupe-file » dans les centres médico-psychologiques publics et gratuits, où le délai moyen pour un premier rendez-vous peut atteindre un à deux ans.

« Il va y avoir des phases de délai de consultation sans rendez-vous », promet Yannick Neudeur. Reste à définir les moyens alloués à ces mesures. Interrogé sur cette question, le ministre évoque « des budgets pour la santé mentale » et des postes de médecins et d’infirmières scolaires « budgétés », tout en reconnaissant que « ce n’est jamais suffisant ».

Une grande cause nationale face à une réalité préoccupante

La santé mentale a été désignée « grande cause nationale pour 2025 » l’ex-Premier ministre Michel Barnier, choix confirmé son successeur. Cette priorité affichée contraste avec une réalité de terrain où les moyens restent insuffisants face à l’explosion des besoins.

Le plan gouvernemental devra faire ses preuves dans un contexte où la souffrance psychique des jeunes ne cesse de croître. Entre formation accélérée des personnels et amélioration de l’accès aux soins, les mesures annoncées constituent une première réponse à un défi de santé publique majeur, dont l’efficacité se mesurera dans les mois à venir.

Étiquetté :

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *