Selon une nouvelle étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) publiée le 28 mai 2025, les moteurs diesel truqués révélés le scandale du Dieselgate auraient causé environ 16 000 décès prématurés en France entre 2009 et 2024. Cette recherche met en lumière l’ampleur des conséquences sanitaires et économiques de cette fraude automobile.
Un bilan sanitaire alarmant
L’étude du CREA, un centre de recherche indépendant basé en Finlande, évalue les impacts des émissions excessives d’oxydes d’azote (NOx) produites les véhicules diesel équipés de dispositifs d’invalidation des systèmes de réduction des émissions. Ces moteurs truqués concernent plus de 200 modèles de voitures diesel vendues entre septembre 2009 et août 2019 sous les normes Euro 5 et 6.
Si aucune mesure n’est prise, les projections indiquent que 8 000 décès supplémentaires pourraient survenir entre 2025 et 2040, portant le total à 24 000 décès prématurés sur la période 2009-2040. Ces surémissions « s’ajoutent aux émissions ‘légales’ et n’auraient jamais dû polluer l’air que nous respirons », souligne le rapport.
La pollution atmosphérique liée à ces véhicules est associée à diverses pathologies : maladies respiratoires et cardiovasculaires, diabète et cancers.
Un coût économique considérable
Au-delà du bilan humain, l’étude chiffre le coût économique pour la France à 146 milliards d’euros, répartis entre 101 milliards pour la période 2009-2024 et 45 milliards pour 2025-2040. Ces montants prennent en compte les pertes de productivité, les soins médicaux et les conséquences des décès prématurés.
Les chercheurs estiment également que les moteurs truqués causeront 2,4 millions de jours de congé maladie entre 2009 et 2040, « avec un impact direct sur les finances publiques ». Par ailleurs, 26 000 nouveaux cas d’asthme chez l’enfant seraient attribuables à ces dispositifs frauduleux sur une période de 30 ans.
Un problème européen
À l’échelle européenne (Union européenne et Royaume-Uni), le bilan est encore plus lourd : 205 000 décès prématurés et 1 200 milliards d’euros de pertes économiques.
Anne Lassman-Trappier, responsable de la qualité de l’air pour France Nature Environnement, qualifie ces décès d' »évitables » et appelle l’État à « imposer aux constructeurs automobiles la remise aux normes de ces véhicules ». Elle rappelle que « c’est ce qui a été fait aux États-Unis dès que le scandale a éclaté, pour sauver des milliers de vies ».
Des suites judiciaires dix ans après
Le scandale du Dieselgate, révélé en 2015, continue de produire des effets judiciaires. Le 26 mai dernier, quatre anciens dirigeants de Volkswagen ont été condamnés en Allemagne pour fraude à des peines allant jusqu’à quatre années et demie de prison. En 2023, l’ancien patron d’Audi, Rupert Stadler, avait également été condamné à 21 mois de prison avec sursis la justice allemande.
Pour France Nature Environnement, la France « aurait dû imposer aux constructeurs de rappeler ces véhicules ou rembourser les consommateurs floués ». L’association dénonce une situation « tout à fait anormale » où l’on « laisse autant de dégâts sanitaires être causés pour protéger des constructeurs automobiles ».