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Scandale Perrier : l’État durcit les contrôles sur les eaux en bouteille et menace le site de Vergèze

perrier

Le ministère de la Santé a diffusé une circulaire aux agences régionales de santé exigeant des inspections inopinées de tous les sites de conditionnement d’eau minérale naturelle d’ici 2026. Cette mesure intervient après la révélation d’une fraude massive chez Nestlé Waters, propriétaire de Perrier.

Une réponse tardive des autorités sanitaires

Le scandale des eaux en bouteille prend une nouvelle dimension. Franceinfo révèle ce 25 mai qu’une circulaire a été transmise aux agences régionales de santé (ARS) durant la semaine du 19 mai. Le document, qui ne cite jamais explicitement la marque Perrier, rappelle la réglementation en vigueur sur les eaux minérales et programme des inspections sur l’ensemble du territoire.

Cette initiative survient près de quatre ans après que Nestlé a avoué pratiquer des traitements interdits dans ses usines des Vosges (Hépar, Vittel, Contrex) et du Gard (Perrier). Le rapporteur de l’enquête sénatoriale, Alexandre Ouizille, s’est félicité de cette décision qu’il qualifie de « permettant d’objectiver la situation sur l’état de la ressource et sa pureté originelle ».

Le site historique de Perrier menacé de fermeture

Les préconisations de la circulaire pourraient conduire à l’arrêt de la production sur le site emblématique de Vergèze dans le Gard. Le texte rappelle que la pureté originelle des ressources doit être garantie, sans contamination bactérienne d’origine humaine. Or, comme le souligne l’enquête, des bactéries pathogènes sont régulièrement détectées dans les forages exploités Perrier.

La marque pourrait ainsi perdre sa dénomination « d’eau minérale naturelle », avec des conséquences juridiques graves pour le groupe. La réglementation prévoit des sanctions allant jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende pour la vente d’eau impropre à la consommation.

Des filtrations controversées et une position ministérielle ambiguë

La circulaire rappelle l’interdiction des systèmes de filtration visant à désinfecter une eau polluée. Le ministère confirme que « le recours à des dispositifs de microfiltration avec des seuils de coupure à 0,2 micron n’est pas autorisé », tout en ouvrant la possibilité d’utiliser certains traitements de microfiltration sous conditions.

Cette position ne satisfait pas tous les experts. Le sénateur Ouizille regrette que l’Anses n’ait pas été saisie : « On ne peut pas encore renvoyer cette question à des autorités locales qui vont pratiquer des contrôles au doigt mouillé et qui n’ont pas l’expertise pour trancher. Nous avons besoin de rigueur scientifique et d’une règle nationale ».

L’Anses, pour sa part, affirme n’avoir « pas été consultée ni impliquée d’une quelconque manière dans la rédaction de cette circulaire », tout en précisant que le ministère lui a assuré qu’elle serait « ressaisie ».

Des pressions administratives et un appel à la démission

La fédération Unsa Santé – Cohésion sociale, première organisation syndicale du ministère de la Santé, a dénoncé dans un communiqué « un naufrage de la santé publique » et des « atteintes graves à l’indépendance des inspections ». Le syndicat pointe des décisions « visant à protéger les intérêts économiques privés au détriment de la santé collective ».

Ces révélations font écho à un fait troublant : fin 2023, un rapport de l’ARS d’Occitanie aurait été édulcoré à la demande de Nestlé, avec l’accord du ministère de la Santé, du préfet et du directeur de l’ARS.

Face à cette situation, l’Unsa réclame la démission des responsables impliqués, notamment le directeur général de l’ARS d’Occitanie, Didier Jaffre. Une position que partage le sénateur Ouizille :

« Notre rapport montre une collusion indiscutable avec Nestlé Waters. La confiance est rompue et ceux qui ont participé de cela au sein de l’agence régionale de santé ne peuvent rester en fonction. »

Ce scandale soulève des questions fondamentales sur l’arbitrage entre intérêts économiques et protection de la santé publique, alors que 300 000 bouteilles Perrier ont récemment dû être détruites en raison de contaminations bactériennes.

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