Le dernier congrès du Parti socialiste, en septembre 2021 à Villeurbanne. – Sipa Press
Les militants socialistes votent ce mardi 27 mai sur les textes d’orientation des trois candidats au poste de premier secrétaire. Ce scrutin constitue la première étape du processus qui désignera la nouvelle direction du Parti socialiste, avec un second tour prévu le 5 juin entre les deux candidats arrivés en tête.
Trois visions pour l’avenir du PS
Olivier Faure, premier secrétaire sortant, affronte deux challengers : Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen qui rassemble les opposants à la ligne actuelle, et Boris Vallaud qui se présente comme une troisième voie visant à dépasser les querelles internes.
Au-delà des personnalités, ce sont trois approches distinctes qui s’affrontent sur la stratégie à adopter pour reconstruire le parti et préparer l’échéance présidentielle de 2027.
La question de l’union de la gauche
La stratégie d’alliance pour 2027 constitue le principal point de divergence entre les candidats.
Olivier Faure défend depuis plusieurs mois la construction d’une « plateforme programmatique » qui rassemblerait un large spectre, de François Ruffin (ancien député du groupe LFI) à Raphaël Glucksmann (représentant d’une ligne sociale-démocrate). Sa vision exclut toutefois La France insoumise en tant que formation.
Boris Vallaud partage cette ambition d’un « candidat commun de la gauche, de Raphaël Glucksmann à François Ruffin », comme il l’a déclaré mi-mai sur Public Sénat.
Nicolas Mayer-Rossignol et ses alliés, tout en soutenant le dialogue avec les autres forces de gauche, refusent d’inclure François Ruffin dans leur « coalition ». « Je ne crois pas qu’il puisse amener la gauche au pouvoir », estime un soutien du maire de Rouen. Leur préférence va clairement vers une alliance avec Raphaël Glucksmann et son parti Place publique.
La méthode de désignation d’un candidat
Si tous les candidats reconnaissent que LFI présentera probablement sa propre candidature en 2027, ils divergent sur la méthode pour désigner le candidat alternatif.
Nicolas Mayer-Rossignol souhaite se concentrer d’abord sur les élections municipales de 2026, qui donneront selon lui une indication des rapports de force. Il se montre « très réservé » sur l’organisation d’une primaire.
Boris Vallaud se dit également « assez sceptique sur la question de la primaire ».
Olivier Faure apparaît plus favorable à ce mécanisme, sans écarter d’autres options. « Avant qu’il y ait un mécanisme de sélection d’un candidat, je souhaite qu’il y ait d’abord la négociation d’un programme commun », a-t-il précisé sur BFMTV.
L’orientation idéologique en débat
La ligne politique divise également les prétendants.
L’équipe d’Olivier Faure revendique un positionnement clairement à gauche, poursuivant la rupture avec l’ère Hollande. « Avec Olivier Faure, le positionnement est à gauche : il n’y a pas de risque de revenir sur les rives de la social-démocratie libérale », affirme Emma Rafowicz, députée européenne et membre de l’équipe sortante.
Boris Vallaud propose une approche centrée sur le concept de « démarchandisation », estimant que « le marché est allé trop loin dans l’accaparement du bien commun », selon Rémi Branco, l’un de ses lieutenants.
Du côté de Nicolas Mayer-Rossignol, souvent présenté comme plus modéré, on réfute cette étiquette : « Si vous lisez notre texte, on nous traite de sociaux-libéraux, mais c’est un texte très marqué à gauche », défend un de ses soutiens.
Des propositions pour revitaliser le parti
Face au vieillissement militant et à la désaffection des adhérents, les trois candidats proposent des initiatives pour redynamiser la vie intellectuelle du parti.
Nicolas Mayer-Rossignol veut créer un Conseil scientifique pour éclairer les débats du PS sur les sujets où la science joue un rôle majeur (climat, IA, énergie…).
Boris Vallaud a lancé samedi dernier son « Académie Léon Blum », conçue comme un laboratoire d’idées et un outil de formation militante.
Olivier Faure propose la création d’une « Université permanente de réflexion et de formation militante ».
Les résultats du vote de ce mardi détermineront quels candidats s’affronteront lors du second tour du 5 juin, dernière étape avant de connaître le nouveau visage qui dirigera le Parti socialiste.