Les récentes actions de Donald Trump, notamment son appel avec Poutine et ses menaces de hausse des droits de douane, forcent l’Europe à réexaminer ses relations transatlantiques et sa politique de défense.
Le récent échange téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine concernant la guerre en Ukraine a secoué les chancelleries européennes. Cette conversation, tenue lundi dernier sans consultation préalable des alliés européens, s’inscrit dans une série de signaux inquiétants pour les relations transatlantiques.
Des menaces économiques concrètes
Le président américain n’a pas attendu pour passer aux actes. Trump menace d’augmenter les tarifs douaniers de plus de 50% sur les produits européens dès le 1er juin. Face à cette offensive commerciale, le commissaire européen au Commerce, le Slovaque Maroš Šefčovič, a affirmé le 23 mai que « l’Europe est prête à défendre ses intérêts ».
Cette escalade rappelle le premier mandat Trump et sa politique de « l’Amérique d’abord », qui avait déjà mis à mal les relations commerciales avec l’Union européenne. La différence aujourd’hui réside dans le contexte géopolitique tendu, marqué la guerre en Ukraine et les tensions croissantes avec la Chine.
L’exigence d’une contribution financière massive
Sur le plan sécuritaire, Trump renouvelle ses pressions sur les pays européens. Son message est clair : pour bénéficier du parapluie stratégique américain, l’Europe devra consacrer 5% de son PIB à la défense – un chiffre bien supérieur à l’objectif de 2% fixé l’OTAN.
Cette demande intervient alors que plusieurs pays européens peinent encore à atteindre le seuil actuel, malgré les augmentations significatives des budgets de défense depuis 2022.
Une prise de conscience européenne
Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a exprimé cette nouvelle réalité sans détour :
« Nous devons nous préparer à ce que les États-Unis se désintéressent totalement de l’Europe ».
Cette déclaration, venant d’un pays traditionnellement pro-américain, témoigne de l’ampleur du changement de paradigme.
Les analystes notent que cette attitude américaine pourrait paradoxalement accélérer l’autonomie stratégique européenne, concept longtemps débattu mais rarement concrétisé. « La présidence Trump agit comme un révélateur des faiblesses structurelles européennes », analyse Théo Bourgery-Gonse, journaliste spécialiste des questions européennes.
L’unité européenne mise à l’épreuve
Face à ces défis, la cohésion européenne apparaît plus nécessaire que jamais. Les divergences d’approche vis-à-vis de Washington pourraient néanmoins fragiliser cette unité, certains États membres privilégiant une relation bilatérale avec les États-Unis plutôt qu’une position commune.
La Commission européenne tente de coordonner une réponse unifiée, notamment sur le volet commercial, domaine où l’UE dispose de compétences exclusives. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour tester la solidarité entre les Vingt-Sept.
Si l’Europe semble aujourd’hui désappointée l’attitude américaine, cette déception pourrait se transformer en catalyseur pour une véritable souveraineté européenne en matière de défense et de politique étrangère. La question reste de savoir si les Européens sauront transformer cette crise en opportunité.